mardi 20 juillet 2021

Métropole : épisode 3……..au bord de la rupture…pour bien comprendre la crise

Métropole depuis 2017, Tours Métropole Val de Loire  n’a pas eu le rayonnement et l’attractivité  attendus. Les dotations financières supplémentaires promises n’ont jamais été versées. Dans une situation économique plus contraignante, l’augmentation des ressources humaines  nécessaires à la reprise des nouvelles compétences obligatoires se fait attendre, et complexifie les manœuvres pour diriger  ce gros paquebot. De  quoi faire dire à certains élus tourangeaux que nous sommes très loin des ambitions affichées et qu’il aurait été préférable de rester sous le statut de Communauté d’Agglomération.  Il est également difficile d’oser les comparaisons avec d’autres Métropoles championnes des palmarès de l’attractivité en tout genre telle que Bordeaux ou Lyon.

Acte 1 : Au lendemain des élections municipales de juin 2020, les 87 nouveaux conseillers métropolitains se réunissent pour élire leur bureau exécutif. Philippe Briand président sortant, annonce que pour des raisons personnelles, il ne briguera pas un nouveau mandat mais porte la candidature de Wilfried Schwartz,  Maire apparenté PS  de la Riche. La ville de Tours a été gagné par la gauche il faut dit-il « respecter la démocratie et le vote des électeurs et faire en sorte que cette nouvelle assemblée colle à ce vœu ». Il rappelle avec force  l’esprit de cogestion  qui  régnait  à  la création de Tour(S)Plus et souhaite que cet ADN perdure.

Acte 2 : le 17 juillet 2020 un nouveau président est élu très majoritairement par les voix des élus de droite et de gauche, le nouveau bureau exécutif métropolitain respecte l’équilibre de cogestion. Philippe Briand rappelle aux élus leur nécessaire assiduité à l’accomplissement de leur mission, « c’est, dit-il, un job à plein temps, voire à 120 % ». Comme toutes les premières années de début de mandature, il faut définir la feuille de route du Projet Métropolitain « Faire Métropole » a un sens : afficher une ambition et porter des engagements.

Acte 3 : En juin 2021, Le jeune  Président de la Métropole s’engage dans la campagne des élections départementales sur le canton de Ballan-Miré,  un nouveau  mandat qui a de quoi surprendre quand on cumule  déjà  des postes à grande responsabilité :  Président de la Métropole et Maire.

Acte 4 : le 23 juin,  Le Président de TMVL adresse en début d’après-midi un mail  aux maires , leur annonçant son intention de démissionner avançant au nom de la modernité qu’une présidente tournante serait plus efficace et qu’il désire se consacrer pleinement  à son futur mandat de Conseiller Départemental pour plus d’engagement  et de proximité.

Surpris de cette  décision,  les maires sont  sous le choc. Dans la foulée deux heures plus tard,  la presse révèle un incident survenu le matin même entre le Président de TMVL et son Directeur de Cabinet . Le président se serait emporté et aurait agressé physiquement son Directeur de Cabinet. En fin de journée, les syndicats dénoncent en conférence de presse  d’autres  dérives managériales, une gestion autoritaire et relatent plusieurs autres situations de mal être au travail. Les réseaux sociaux, la presse locale et nationale s’enflamment, les politiques droite/gauche s’interrogent  donc sur les vraies raisons qui poussent le Président de la Métropole à annoncer son intention de démissionner. C’est la consternation !!

Acte 5 : Nous sommes fin juin, Wilfried Schwartz est élu conseiller départemental, de quoi lui permettre de retrouver certaines couleurs. Mais la situation reste complexe et intenable, elle nécessite de sa part une clarification immédiate, Il faudra attendre la conférence des Maires à huit clos le 1 er juillet et le bureau métropolitain du lundi  5 juillet pour que sa démission soit  officielle et adressée à Madame la Préfête.

Acte 6 : La Métropole ne peut se permettre d’être à l’arrêt. Une nouvelle élection est  programmée. De multiples réunions sont organisées autour de Frédéric Augis Maire de Joué les Tours candidat à droite et  autour d’Emmanuel Denis Maire de Tours,  candidat pour l’union de la gauche. Le premier souhaite mettre fin à la cogestion et souhaite une instance plus politicienne que la gouvernance précédente  et appelle à une « Métropole des Maires », le second souhaite reconduire l’esprit de  cogestion,  tout en respectant la démocratie et le vote des électeurs aux dernières élections municipales.

Acte 7 : Le dimanche 11 juillet le conseil métropolitain est réuni pour élire son nouveau bureau exécutif. Frédéric Augis est élu président de Tours Métropole Val de Loire. S’en suit une première interruption de séance, Frédéric Augis et Emmanuel Denis s’entretiennent : l’objet étant le nombre des VP pour chacune des formations politiques et les attributions des délégations. Mais le désaccord est si profond que la réunion s’achève après quelques minutes de négociation, Frédéric Augis donnant une fin de recevoir à la demande de  son opposant. Nous sommes donc loin de  l’affirmation de Philippe Briand qui souhaitait un an plus tôt que le conseil métropolitain soit le reflet du vote des électeurs.  

Acte 8 : Retour en séance, assez éloigné de son discours de rassemblement prononcé en début de séance,  le ton du Président est  ferme, il attribue seulement  3 Vice-Présidences à la majorité de Tours en fin de tableau, elle qui en comptait 8 auparavant Il sait qu’il crée une  fracture au sein de ce collectif qui portait la cogestion.  Pire encore lorsqu’il fait élire par ordre de rang 2 VP  élus de l’opposition de la ville de Tours battus aux élections municipales avant de positionner les élus de la majorité de Tours, une situation  perçue par bon nombre d’élus présents  comme une véritable humiliation. Le retour du Président démissionnaire élu de nouveau   dans un poste de Vice-Président, n'est pas un signal d'apaisement pour retrouver la confiance des personnels de la Métropole.

C’est le début de la crise, Les élus de gauche quittent  la séance mais sont élus en leur absence !!

Acte 9 : C’est une première, l’exécutif de TMVL  est fracturé, et les élus de gauche démissionnent de leur mandat pour lesquels ils n’avaient pas fait acte de candidature. Ils resteront néanmoins conseillers métropolitains.

Dans une dernière réunion vendredi dernier entre le Président de TMVL, les Maires de Tours, Ballan Miré et de Notre Dame ont demandé  au Président de la Métropole de revoir sa position sur la représentativité des élus au bureau en fonction des résultats des élections. Le Président de la Métropole n’ayant pas fait  évoluer sa position l’ensemble des élus de gauche  confirment  leur démission.


Cette crise  inédite et soudaine  qui surprend par son ampleur et  qui  laissera des traces est unique. Cette situation de blocage  n’existe dans aucune  autre Métropole. 

Comment peut-on  « faire ENSEMBLE  Métropole »  sans la Ville Centre qui compte plus la moitié des habitants de la Métropole et qui concentre la majeure partie des équipements structurants de la Métropole (cinéma, université, hôpitaux, équipements sportifs,...)? Nos petites communes n’obtiennent-elles  pas  cette reconnaissance que par la présence de la Ville Phare ? Comment peut-on nommer des élus d’opposition au sein d’un exécutif  devant   des élus majoritaires élus démocratiquement dans cette instance ?  

Nos concitoyens qui désertent déjà les urnes n’attendent-ils de leurs élus un engagement responsable, exemplaire, sans cumul excessif de mandat   et surtout une autre tenue au sein de ces instances élues  plutôt que d’assister à   un spectacle affligeant.

Cette crise aura de multiples répercussions, sur le fonctionnement de son intercommunalité. Aujourd'hui c'est l'impasse....